Zurich, 11 juillet 2019 – Au cours de la prochaine décennie, le marché helvétique du travail sera déterminé par deux tendances majeures: une pénurie de main-d'œuvre due au départ à la retraite des baby-boomers et les changements structurels de l'économie.
La Recherche d'UBS s'attend à une augmentation de la population active de 200 000 personnes au plus, même avec une immigration nette de 60 000 personnes. C’est loin d'être suffisant pour répondre à la demande de main-d'œuvre attendue. Si la croissance de l'emploi se poursuit comme depuis 1960 (1% par an), il manquera, dans les dix prochaines années, plus de 300 000 travailleurs à la Suisse. Si la demande de main-d'œuvre reste la même qu'au cours des quinze dernières années (1,3% par an), le trou se creusera jusqu'à 500 000 personnes.
Cependant, tous les secteurs n'ont pas besoin d'autant de personnel: dans les secteurs de la santé et des soins, la demande continuera de croître, tandis que dans l'industrie, elle devrait stagner. L'essor de l'emploi a lieu principalement dans les branches où la main-d'œuvre est principalement féminine. Dans les prochaines années, les femmes devraient donc mieux s'insérer dans le marché du travail que les hommes. Cela remet certains préjugés en question: les hommes devront de plus en plus s'adapter à des emplois «féminins».
Comment répondre à la demande de main-d'œuvre?
Dans le passé, les besoins de main-d'œuvre supplémentaire étaient principalement couverts par une immigration soutenue. Sur les dix prochaines années, la Suisse aurait besoin d'une immigration nette de plus de 100 000 personnes pour répondre à une croissance de l'emploi de 1% par an. Or, un tel niveau d'immigration se heurterait à une résistance politique et sociétale considérable et pourrait, par ailleurs, nuire aux bonnes relations avec l’Union européenne (UE). L'immigration ne devrait donc pas être la seule et unique option pour augmenter la main-d'œuvre disponible.
A défaut d’immigration, on devrait donc songer à accroître la population active en encourageant la participation au marché du travail. Ainsi, si 80% des femmes suisses occupent un emploi, 45% de ces emplois sont à temps partiel. En particulier, les femmes dont les enfants ont achevé leur scolarité obligatoire pourraient augmenter leur taux d'occupation et, ainsi, leur engagement sur le marché du travail.
La population active peut également être augmentée en faisant participer davantage les personnes plus âgées. A première vue, le potentiel est ici considérable, car les cohortes d'âge proches de la retraite sont nombreuses. Mais relever de manière rigide l'âge officiel de la retraite ne permet pas de répondre aux changements structurels de l'économie. En effet, dans beaucoup de branches, les besoins de main-d'œuvre diminueront au lieu d'augmenter. Il serait donc préférable de flexibiliser l'âge de la retraite. Pour cela, il convient de créer des incitations propres à encourager les travailleurs à travailler plus longtemps dans les domaines en manque de main-d'œuvre.
Perspectives pour le T3: BNS – La hausse des taux d'intérêt est hors de question, des baisses sont même envisageables
L'année 2019 est marquée par l'escalade de conflits politiques: au niveau mondial, il y a le différend commercial sino-américain et, à l'échelon régional, les dissensions entre la Suisse et l'UE autour de l'accord institutionnel. Après 2,6% en 2018, les économistes d'UBS tablent cette année sur une croissance économique de 1,3% seulement.
Dans ce contexte difficile, la Banque nationale suisse (BNS) poursuivra sa politique monétaire très expansionniste au cours des prochains trimestres. La Recherche d’UBS estime les taux directeurs en Suisse ne devraient pas redevenir positifs avant 2022. Si la Banque centrale européenne adopte une politique monétaire encore plus expansionniste ces prochains mois, il se pourrait même que la BNS baisse encore ses taux.
Pour le développement des prévisions conjoncturelles d'UBS CIO GWM, les économistes d’UBS CIO GWM ont travaillé conjointement avec des économistes employés par UBS Investment Research. Les prévisions et estimations sont valables uniquement à la date de la présente publication et sont susceptibles d’évoluer sans préavis.
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