Zurich, 8 novembre 2022 – Selon le sondage annuel sur les salaires du Chief Investment Office d’UBS Global Wealth Management (UBS CIO GWM), les 290 entreprises interrogées s’attendent à une hausse nominale des salaires de 2,2% pour l’année 2023. Cela signifie que les salaires nominaux devraient connaître leur plus forte augmentation en près de quinze ans, dépassant nettement l’adaptation moyenne de 1,1% accordée en 2022.
L’augmentation salariale est généralisée
L’augmentation salariale est généralisée
Pour chacun des 22 secteurs étudiés, il en résulte une augmentation des salaires nominaux en 2022 et 2023. Selon le sondage, les hausses de salaire les plus élevées (3%) sont enregistrées dans le commerce de gros, dans le secteur de l’informatique et des télécommunications, ainsi que dans l’horlogerie-bijouterie. Les salariés des secteurs du tourisme et de la restauration peuvent aussi se réjouir d’une progression de salaire de 3%, profitant ainsi de la forte reprise après la pandémie. En queue de classement cette année, on trouve entre autres la métallurgie, le textile et les médias. Cela dit, à 2%, la progression nominale reste robuste, même pour ces trois derniers secteurs.
La plus forte baisse des salaires réels en 80 ans
La plus forte baisse des salaires réels en 80 ans
Pour l’année en cours, les économistes d’UBS tablent sur un taux d’inflation de 2,9%, ce qui entraîne en moyenne une perte de salaire réel de 1,8%, le plus fort recul depuis 1942. Dans le cadre des négociations salariales de cette année, trois quarts des entreprises répondent favorablement à la demande d’ajustement des salaires face à l’inflation surprise. Néanmoins, seules 20% compensent complètement l’inflation. Avec une inflation de 2,1% attendue par UBS CIO GWM, les salaires réels devraient, en moyenne, quasiment stagner en 2023.
Le ralentissement économique empêche une hausse des salaires
Le ralentissement économique empêche une hausse des salaires
La modération dans les accords salariaux indique, d’une part, que les entreprises s’attendent à une détente de l’inflation l’an prochain. D’autre part, les perspectives économiques moroses empêchent les employeurs d’augmenter les salaires plus fortement.
Même s’il n’y a pas de pénurie de gaz ou d’électricité en Suisse, la forte hausse des prix de l’énergie et la faiblesse de l’économie européenne devraient fortement altérer la conjoncture domestique cet hiver et entraîner une stagnation, voire une légère récession. Les incertitudes concernant l’approvisionnement en énergie ne devraient d’ailleurs pas se limiter à cet hiver. Il faut aussi s’attendre à une situation difficile pour l’hiver 2023/2024 et donc à une conjoncture suisse fragile.
Les économistes d’UBS ne tablent néanmoins pas sur une sévère récession. Premièrement parce que les ménages peuvent recourir en partie à l’épargne accumulée pendant la pandémie du Covid-19 pour rattraper la perte de pouvoir d’achat actuelle. Deuxièmement, parce qu’en Suisse, un marché du travail robuste soutient l’économie. UBS CIO GWM compte sur une croissance du PIB de 2,1% en 2022 et de 0,4% en 2023. En cas de pénurie, il faudra néanmoins s’attendre à un net ralentissement de l’économie helvétique.
Pas de spirale salaires-prix
Pas de spirale salaires-prix
En plus d’une crise énergétique, une spirale salaires-prix, qui conduirait à une autre hausse de l’inflation, représente le principal risque pour la conjoncture. «Avec des augmentations de salaire de tout juste 2%, nettement en dessous du niveau d’inflation actuel, les salariés ne devraient pas être d’humeur à faire la fête. La hausse modérée des salaires tend néanmoins à éviter une spirale salaires-prix et elle ne devrait pas alimenter davantage l’inflation», explique Daniel Kalt, économiste en chef d’UBS Suisse.
Les économistes d’UBS s’attendent à une stabilisation des prix de l’énergie et à une réduction progressive des difficultés d’approvisionnement liées à la pandémie, ce qui devrait se refléter dans une détente des prix sur les biens d’importation. Dans la seconde moitié de 2023, la Banque nationale suisse (BNS) devrait renoncer, en raison du taux d’inflation plus bas et de la conjoncture plus faible, à relever ses taux d’intérêt. Pour l’instant, la BNS se concentre sur l’inflation actuellement trop élevée et elle devrait relever son taux directeur d’ici mars 2023 à 1,5%.
D’un manque de travailleurs qualifiés à une pénurie de main-d’œuvre
D’un manque de travailleurs qualifiés à une pénurie de main-d’œuvre
Outre l’inflation, les entreprises sont aussi aux prises avec un manque de main-d’œuvre. Selon le sondage d’UBS, quatre entreprises sur cinq ont des difficultés de recrutement. On observe d’ailleurs que le manque de main-d’œuvre touche un plus grand nombre de secteurs.
Alors qu’en 2016, seuls 17% des entreprises déclaraient avoir du mal à pourvoir des postes dans plus d’un de six domaines de l’entreprise, ce chiffre est passé à 50% en 2022. «On fait de plus en plus le constat non seulement d’une pénurie de travailleurs qualifiés, mais aussi d’un manque général de main-d’œuvre», déclare Florian Germanier, économiste au sein d’UBS CIO GWM.
La majorité (63%) des entreprises considère que la raison principale de cette aggravation de la pénurie de main-d’œuvre vient de l’évolution démographique: les problèmes de recrutement de personnel persistent donc. A court terme, les salaires réels sont sous pression. A long terme, on peut s’attendre à des hausses des salaires réels en raison de cette pénurie de main-d’œuvre.
Evolution des salaires nominaux selon le sondage UBS sur les salaires 2023
| Augmentation effective des salaires en 2022 | Augmentation attendue des salaires en 2023 | |||
Commerce de gros | 1,5% | 3,0% | |||
Horlogerie et bijouterie | 1,5% | 3,0% | |||
Services informatiques et télécommunication | 1,3% | 3,0% | |||
Equipements électriques | 1,5% | 2,8% | |||
Automobile | 1,0% | 2,8% | |||
Chimie et industrie pharmaceutique | 1,0% | 2,5% | |||
Logistique | 1,0% | 2,5% | |||
Production alimentaire | 1,0% | 2,5% | |||
Secteur public | 1,0% | 2,4% | |||
Machines | 1,2% | 2,3% | |||
Matériaux et matériaux de construction | 0,8% | 2,3% | |||
Banques et assurances | 1,0% | 2,2% | |||
Production de biens de consommation | 1,0% | 2,1% | |||
Tourisme, y compris culture, sport et éducation | 0,9% | 2,1% | |||
Textile | 1,5% | 2,0% | |||
Métallurgie | 1,3% | 2,0% | |||
Services aux entreprises (inclus immobilier) | 1,2% | 2,0% | |||
Energie, gestion de l’approvisionnement et des déchets | 1,0% | 2,0% | |||
Bâtiment et bureaux d'architectes | 1,0% | 2,0% | |||
Santé et activités sociales | 1,0% | 2,0% | |||
Commerce de détail | 0,9% | 2,0% | |||
Médias | 0,7% | 2,0% | |||
Suisse | 1,1% | 2,2% |
UBS Switzerland AG
Contacts
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Daniel Kalt
Économiste en chef UBS Suisse
Tél. +41-44-234 25 60
daniel.kalt@ubs.com
Alessandro Bee
Économiste, UBS CIO GWM
Tél. +41-44-234 88 71
alessandro.bee@ubs.com
Florian Germanier
Économiste, UBS CIO GWM
Tél. +41-44-235 19 12
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