Le CIO conseille aux investisseurs de miser sur les actions restées à la traîne et de continuer de privilégier les obligations, notamment celles de qualité. (Unsplash)

Les perspectives sont plus mitigées pour les actions alors que le spectre de la récession s’éloigne

Les marchés ont été confrontés à deux risques majeurs et graves au premier semestre. Alors que la Fed était résolument engagée dans le cycle de hausses des taux le plus rapide depuis les années 1980, les profits des entreprises diminuaient et les salaires réels baissaient. Mais les perspectives se sont récemment améliorées. Les salaires réels repartent à la hausse et les bénéfices des entreprises sont plus élevés que prévu.


Nous sommes désormais davantage convaincus que les hausses des taux ne provoqueront pas une récession aux États-Unis dans les six prochains mois. La croissance chinoise a été décevante, mais pas au point de rebattre les cartes de l’économie mondiale. Et le ralentissement de l’activité en Chine pourrait même contribuer à faire reculer l’inflation dans les pays développés.


Dans quelle mesure ces évolutions nous ont-elles amenés à revoir nos analyses?


S’agissant des actions, les perspectives d’évolution de leur profil de risque et de rendement nous semblent désormais plus nuancées, et nous passons d’un positionnement «least preferred» à un positionnement neutre. La saison des résultats du deuxième trimestre a selon toute vraisemblance marqué un tournant dans l’évolution de la croissance annualisée des profits, et les prévisions pour le troisième trimestre étaient encourageantes. Les bénéfices par action des entreprises du S&P 500 devraient donc stagner en 2023 et augmenter de 9% en 2024. Selon nos estimations, l’indice pourrait atteindre 4500 points en décembre et 4700 en juin 2024.


Si le spectre de la récession semble s’éloigner pour les États-Unis, nous restons convaincus que les actions présenteront un profil un peu plus favorable dans les six à douze prochains mois. À l’aune de ces éléments, nous continuons de préférer les titres à la traîne dont les valorisations sont plus faibles et qui sont en mesure de combler leur retard. Les actions des marchés émergents présentent un potentiel de hausse plus important que les actions américaines. Nous maintenons notre préférence pour les indices américains équipondérés au détriment des indices pondérés par la capitalisation.


Ce mois-ci, nous relevons le statut du secteur mondial de l’énergie de «most preferred» à neutre. Le secteur est à la traîne cette année, mais l’amélioration du contexte économique, conjuguée à un marché du pétrole en tension, devrait faire grimper les cours de l’or noir.


Les produits à revenu fixe restent notre classe d’actifs préférée. Le ralentissement de la croissance et le recul de l’inflation que nous anticipons dans nos prévisions devraient être favorables aux obligations, dont les rendements nous semblent intéressants. À cet égard, nous privilégions les obligations (souveraines) de haute qualité et investment grade qui offrent des rendements totaux attrayants et qui devraient mieux tirer leur épingle du jeu que les actions si les difficultés s’amoncellent sur le plan économique.


Ce mois-ci, nous faisons passer le secteur mondial de l’énergie du statut «most preferred» à celui de neutre. Ces obligations ont bénéficié de l’amélioration des perspectives de croissance de l’économie mondiale, mais aussi d’une série d’événements favorables qui ont concerné des émetteurs d’obligations en difficulté, notamment des pays comme l’Égypte, le Pakistan et le Nigeria. Les écarts de crédit devraient donc se resserrer à nouveau fortement, selon nos prévisions.


Le dollar américain nous semble toujours vulnérable. Nous continuons de nous détourner du billet vert pour privilégier l’euro. Face à une inflation qui baisse plus rapidement aux États-Unis qu’en Europe et au Royaume-Uni, les taux américains devraient atteindre leur pic avant les taux européens, et la Fed pourrait envisager de baisser ses taux avant les autres banques centrales. S’agissant de l’euro, nous pensons que les mauvaises surprises sur le front de l’économie sont déjà intégrées dans le cours de la devise, et l’amélioration de la balance commerciale de la zone euro devrait lui être favorable.


Par ailleurs, nous faisons passer le yen du statut «most preferred» à celui de neutre. Compte tenu du relatif dynamisme de l’économie américaine et de l’assouplissement de la politique de contrôle de la courbe des taux de la Banque du Japon, peu de catalyseurs nous paraissent susceptibles d’effacer le carry négatif de 5% qui est associé à une position longue sur le yen et à une position courte sur le dollar. Pour autant, un positionnement long sur le yen reste un moyen efficace de se protéger contre les baisses, notamment en cas de recours à des options.


Le spectre de la récession s’éloignant, les perspectives des marchés actions se sont donc améliorées. Les valorisations restent toutefois excessives. C’est pourquoi nous conseillons aux investisseurs de se miser sur les actions à la traîne et de privilégier le revenu fixe, notamment les obligations de qualité.


Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre dernière Monthly Letter, intitulée Quand les éléphants se battent