Même lorsque les taux d’intérêt négatifs atteignaient des records, les placements dans les hypothèques suisses ont continué d’afficher un rendement positif à l’échéance, contrairement aux obligations en francs suisses. Il n’est donc pas surprenant que ces placements aient été une alternative intéressante pour les caisses de pension. Après l’avoir longtemps délaissée, ces dernières ont, depuis la suppression du cours plancher CHF/EUR en 2015, fortement réinvesti dans cette classe d’actifs, soit via des octrois directs, soit via des véhicules de placement collectif (cf. graphique).

Placements hypothécaires des caisses de pension suisses directs et indirects, en milliards de francs suisse

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Après une baisse des volumes, les caisses de pension suisses ont de nouveau nettement augmenté leurs investissements dans les hypothèques depuis 2015.
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L’accès facilité aux placements hypothécaires a également contribué à cette hausse significative. L’émergence de nouvelles plateformes d’intermédiation et de nouveaux placements collectifs permet en effet aux caisses de pension d’investir assez rapidement et facilement dans des hypothèques. Même le passage aux taux d’intérêt positifs fin 2021 n’a pas brisé cet élan, les placements hypothécaires ont conservé leur excédent de rendement par rapport aux obligations suisses et les facteurs soutenant les marges sont restés intacts.

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Les banques se taillent la part du lion

Pendant la période de taux négatifs, le marché hypothécaire suisse a été bouleversé par l’arrivée de nouveaux acteurs. Toutefois, un rapide examen de ce marché indique que les banques dominent toujours largement l’octroi de crédit, avec une part d’environ 95%, alors que les caisses de pension ou les assurances ne jouent qu’un rôle marginal, occupant respectivement 2% et 3% du marché (cf. Marché hypothécaire suisse 2022, MoneyPark).

De plus, grâce à cette configuration, les taux hypothécaires ne sont jamais descendus en dessous d’une certaine limite inférieure – taux d’intérêt plancher dans le jargon technique – même dans les phases extrêmes. Si les banques ont largement renoncé à appliquer des taux négatifs aux dépôts des clients privés, elles n’ont pas non plus, de l’autre côté du bilan, fait bénéficier les emprunteurs hypothécaires de ces taux.

La hausse des taux d’intérêt sur le marché des capitaux à partir de fin 2021 a pu être presque entièrement intégrée dans les conditions de crédit sur le marché hypothécaire. Ainsi, les marges ont évolué de manière assez stable, voire légèrement positive ces derniers temps. Aujourd’hui, les dépôts des clients sont à nouveau rémunérés à des taux positifs. En outre, l’obtention de fonds de tiers sur le marché des capitaux est devenue un peu plus coûteuse pour les banques. Les coûts de refinancement plus élevés en résultant se répercutent sur les conditions de crédit, au même titre que les prescriptions visant à augmenter la couverture en fonds propres.

Grâce à la situation stable, voire légèrement favorable, des marges sur le marché hypothécaire, la classe d’actifs reste attractive pour les caisses de pension. L’immobilier suisse se montre robuste et a bien résisté à la hausse des intérêts ces deux dernières années. La demande est toujours aussi forte et les taux de défaillance très bas, notamment par rapport à d’autres pays européens.

Après les nouveaux abaissements de 0,25% en mars et en juin des taux directeurs par la Banque nationale suisse, une baisse supplémentaire de 0,25% d’ici la fin de l’année a déjà été intégrée par le marché. Cela devrait continuer à soutenir l’immobilier sans déclencher de mouvements notables des marges hypothécaires.

Ajout judicieux au portefeuille

Même avec des hypothèques de grande qualité, il est possible de dégager un excédent de rendement allant jusqu’à 1% par rapport aux obligations en francs suisses avec une solvabilité élevée. L’avantage de rendement, la sécurité élevée de la couverture de la cédule hypothécaire et l’effet de diversification positif font de cette classe d’actifs un complément idéal pour un portefeuille. Selon la Statistique des caisses de pension 2022 de l’Office fédéral de la statistique, la part de cette classe s’élevait dernièrement à 2% en moyenne. Cette allocation, qui reste assez faible, indique que de nombreuses caisses de pension peuvent encore augmenter leurs engagements hypothécaires.

Pour investir avec succès dans des hypothèques suisses, il faut bien comprendre les particularités de ce marché. Mais il est aussi essentiel de choisir un point d’entrée approprié, d’appliquer un processus de crédit solide ainsi qu’une gestion des risques rigoureuse et de veiller à une large diversification du portefeuille hypothécaire.

Daniel Ammon, responsable Institutional Client Coverage Suisse, et Samuel Leuenberger, Portfolio Manager Hypothèques, à UBS Asset Management, Zurich.

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Daniel Ammon

Daniel Ammon est responsable Institutional Client Coverage Switzerland et dirige depuis novembre 2023 les affaires clientèle institutionnelle d’UBS Asset Management en Suisse et au Liechtenstein. Auparavant, il a occupé diverses fonctions au Credit Suisse, notamment en tant que responsable des affaires clientèle institutionnelle en Suisse. En outre, il a été membre du Conseil de fondation et de l’Investment Committee de la Caisse de pension du Credit Suisse Group (Suisse) pendant plusieurs années.

Daniel Ammon a étudié les sciences des télécommunications à l’EPF de Lausanne et a obtenu en 2024 un MBA à l’IE Business School de Madrid. Daniel Ammon est analyste financier agréé (CFA).

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Samuel Leuenberger

Samuel Leuenberger est responsable depuis 2016 de la constitution et de la gestion de portefeuille du groupe de placement Fondation de placement UBS Hypothèques Suisse (0-15) et est membre du CHF Fixed Income Strategy Committee. Il est titulaire d’un diplôme en économie d’entreprise de l’Université de St-Gall (lic. oec. HSG) et est analyste financier et gestionnaire de fortune – CIIA. Il bénéficie de près de 20 ans d’expérience dans les affaires hypothécaires et de crédit en Suisse.

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