Face au ralentissement probable de la croissance économique et au recul de l’inflation, les titres à revenu fixe devraient enregistrer leur plus forte progression à court terme, selon le CIO, notamment les obligations de qualité. (Shutterstock)

L’indice MSCI All Country World a perdu 3% en octobre, ce qui ramène sa performance globale en 2023 à 6,7%. Le S&P 500 a, quant à lui, cédé 2,1% et a même chuté par moments de plus de 10% par rapport à son pic de la fin juillet, subissant ce que l’on désigne communément sous le terme de correction. La hausse des rendements a tout particulièrement pénalisé les marchés actions, ce qui a globalement réduit l’attractivité relative de ces titres. Le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans ont à nouveau augmenté, atteignant 5%, un niveau inédit depuis 2007.


L’attaque du Hamas contre Israël a été le fait marquant du mois d’octobre. Le déclenchement d’une guerre a boosté la demande de plusieurs valeurs refuges traditionnelles, notamment l’or, qui a gagné 7,3% au cours du mois. Le risque que la guerre s’étende à l’ensemble de la région, perturbant les approvisionnements en pétrole, a eu pour premier effet de faire grimper les cours du baril de Brent. Celui-ci a néanmoins fini le mois en recul de 3,1%, les investisseurs jugeant le scénario d’un embrasement régional peu probable et considérant que les pays exportateurs de pétrole de l’OPEP+ avaient la capacité à compenser une éventuelle baisse des approvisionnements en or noir.


La saison américaine des résultats du troisième trimestre, qui bat son plein à l’heure où nous écrivons ces lignes, a été globalement positive, à peine plus de 70% des entreprises publiant des résultats par action supérieurs aux estimations. Pour autant, la saison n’a pas été suffisamment positive en raison des mauvais résultats annoncés par certains géants de la tech pour détourner l’attention des investisseurs des craintes qui entourent la Réserve fédérale et les tensions géopolitiques.


Malgré un mois d’octobre morose, nous pensons que les perspectives à moyen pour les principales classes d’actifs restent encourageantes: les bénéfices renouent avec la croissance, l’économie américaine prend la direction d’un atterrissage relativement en douceur et les pressions inflationnistes continuent de se s’amenuiser. Dans ce contexte, nous recommandons les stratégies suivantes:


Renforcer l’exposition aux portefeuilles diversifiés: Les conditions devraient être favorables aux portefeuilles diversifiés dans les six à douze prochains mois. Nous nous attendons par ailleurs à ce que les liquidités, les actions, les obligations et les placements alternatifs affichent des rendements élevés. Les planètes semblent étonnamment alignées, ce qui devrait permettre aux investisseurs de booster leur portefeuille équilibré. Malgré le ralentissement probable de la croissance, nous sommes convaincus que l’économie américaine échappera à la forte contraction qui a souvent suivi un cycle de resserrement agressif de la politique monétaire de la Fed. Les profits des entreprises devraient augmenter, à commencer par ceux des entreprises de l’indice S&P 500 qui devraient voir leur bénéfice croître de 9% en 2024. Les investisseurs des marchés actions devraient donc bénéficier de rendements élevés, même si, comme nous le prévoyons, les multiples n’augmentent pas beaucoup par rapport aux niveaux actuels. Les perspectives sont encore plus encourageantes pour les obligations. Les anticipations des marchés concernant le maintien des taux élevés pendant un certain temps par la Fed nous paraissent excessives. Les rendements, qui sont à leur plus haut niveau depuis la crise financière mondiale, devraient repartir à la baisse en conséquence de l’évolution du climat sur les marchés.


Gérer les liquidités: Les liquidités offrent actuellement des taux attrayants, mais cela ne saurait durer, le cycle de resserrement monétaire se rapprochant de son terme et les taux étant appelés à diminuer. Nous recommandons par conséquent aux investisseurs de ne pas détenir sous forme de liquidités plus de l’équivalent de deux à cinq ans de retraits nets prévus sur le portefeuille dans le cadre de leur stratégie Liquidité, et de faire fructifier le reste de leurs avoirs dans le cadre d’un portefeuille équilibré. Au sein du portefeuille Liquidité, les investisseurs peuvent optimiser et pérenniser les rendements en combinant des instruments de dépôt, des obligations échelonnées et certaines solutions structurées.


Renforcer l’exposition aux placements alternatifs: Les produits alternatifs sont une classe d’actifs essentielle pour la diversification des portefeuilles axés sur le long terme pour les investisseurs qui tolèrent un certain niveau de risque, surtout lorsque les actions et les obligations évoluent dans le même sens. Les hedge funds spécialisés dans les stratégies de crédit et les marchés secondaires du private equity nous semblent actuellement particulièrement porteurs. La hausse des taux d’intérêt peut également bénéficier aux gestionnaires de placements alternatifs vu la hausse des rendements et la performance des actifs sous-jacents, dette privée comprise. Les placements alternatifs présentent néanmoins quelques inconvénients non négligeables, notamment un risque d’illiquidité.


Nous conseillons donc aux investisseurs de s’abstenir de toute réaction excessive à la dégradation récente du climat qui règne sur les marchés. Face au ralentissement probable de la croissance économique et au recul de l’inflation, les titres à revenu fixe devraient enregistrer leur plus forte progression à court terme, notamment les obligations de qualité. Les investisseurs ont tout intérêt à profiter de la hausse probable des rendements des différentes classes d’actifs pour les six à douze prochains mois pour renforcer leur portefeuille équilibré.


Principaux contributeurs - Solita Marcelli, Mark Haefele, Christopher Swann, Vincent Heaney, Jon Gordon


Lire le rapport initial: Perspectives encourageantes après un mois d’octobre morose, 1er novembre 2023.