Dès qu’il envisage de planifier sa succession, un entrepreneur se pose cette question : combien vais-je pouvoir tirer de la vente de ma société ? On aurait tendance à croire que plus l’entreprise est petite, plus il est facile d’en établir la valeur. Mais dans la pratique, on se rend vite compte qu’il n’en est rien. L’évaluation des petites entreprises est en vérité une opération subtile qui requiert du doigté et du savoir-faire.
Chaque évaluation d’une PME est un cas à part. Il réside néanmoins un point commun : certains facteurs jouent un rôle bien plus important que dans le cas d’une grande entreprise. Ils peuvent avoir une incidence notable sur la signification de données clés telles que le chiffre d’affaires et le résultat d’exploitation et, partant, sur le résultat de l’évaluation.
De ce fait, comment établir le prix de vente si le terrain et les bâtiments d’une société manufacturière valent davantage que l’entreprise proprement dite ? Ou comment comparer la valeur d’une droguerie idéalement située au centre-ville avec celle d’un magasin comparable en banlieue ? Il est bien plus facile de mettre en regard deux chaînes ayant chacune 100 points de vente, car la valeur de chaque magasin est alors négligeable par rapport à la valeur totale.
Gare au simplisme
En d’autres termes, les méthodes d’évaluation classiques atteignent leurs limites avec les PME. Dans le cas des petites entreprises, un excès de simplisme peut livrer des résultats erronés. Le risque subsiste donc d’obtenir une valeur très éloignée du prix de vente réalisable. Il s’agit de procéder à une analyse sur mesure qui tienne compte de l’influence de facteurs spécifiques. En particulier lorsque les sphères privée et professionnelle sont étroitement imbriquées.
Les méthodes d’évaluation courantes restent néanmoins une base valable pour évaluer une PME. Voici un bref aperçu des principaux outils d’analyse :
- la méthode « discounted cash flow » se base sur les recettes futures de l’entreprise et sur son cash-flow disponible ;
- la méthode des multiples se fonde sur la valeur de marché d’entreprises comparables (généralement cotées en Bourse). Les chiffres clés de ces sociétés permettent de calculer des multiplicateurs, par exemple le rapport entre la valeur de l’entreprise et l’EBITDA ;
- les méthodes basées sur les coûts déterminent la valeur d’une société à la lumière des coûts historiques, des coûts de remplacement et de la valeur de liquidation.
Personne n’est irremplaçable
La base de toute évaluation d’entreprise réside dans la détermination
du bénéfice d’exploitation net durable. Et tous les facteurs spécifiques doivent être pris en considération. Qu’il s’agisse du lieu d’implantation de l’entreprise, de son patrimoine immobilier, de ses clients importants ou de personnes clés dans la société.
L’importance du chef d’entreprise pour la valeur d’une entreprise fait souvent débat. Forcément, celui-ci a tendance à penser qu’il apporte une contribution personnelle majeure à la valeur de l’entreprise. La réalité montre toutefois que personne n’est irremplaçable. Quand on analyse l’importance de « l’homme clé », il faut se demander objectivement quel est son véritable apport : son savoir professionnel ? Ses aptitudes manuelles ? Sa relation avec des clients clés ?
Le fait qu’il n’existe souvent qu’un marché restreint pour un grand nombre d’entreprises est une autre source de difficulté. Ce n’est pas un hasard si la vente intervient fréquemment au terme d’une négociation bilatérale et non d’une vente aux enchères restreinte. Une évaluation externe se révèle pertinente quand il n’y a qu’un seul et unique candidat repreneur.
Répartition du risque
Dans le cadre d’une transaction concrète, l’évaluation doit également tenir compte de circonstances particulières qui en influencent la valeur. Le prix n’est qu’un élément contractuel parmi d’autres qui s’inscrit dans un ensemble d’accords qui ont eux aussi un effet sur la valeur. Songeons aux accords de « earn-out », à la poursuite de la collaboration avec le propriétaire, à la reprise d’une participation, au financement de l’acheteur ou encore aux cautions et garanties. Ces accords répartissent le risque entre l’acheteur et le vendeur et doivent garantir une bonne transition entre l’ancien et le nouveau propriétaire.
Dans ce cas de figure, le conseil de spécialistes UBS peut également se révéler utile pour de petites sociétés, car, souvent, il ne s’agit pas simplement d’établir un prix de vente adéquat mais d’élaborer des solutions de transaction et de financement judicieuses en cas de vente à des successeurs internes.
Terminologie: Evaluation des entreprises
Terminologie: Evaluation des entreprises
Earn-out
Partie du prix d’achat qui sera versée ultérieurement en fonction des bénéfices réalisés.
EBIT
Earnings before Interest and Tax. Désigne le bénéfice d’exploitation avant intérêts et impôts.
EBITDA
Earnings before Interest, Tax, Depreciation and Amortization. Désigne le bénéfice d’exploitation avant intérêts, impôts et amortissements.
Cash-flow disponible
Bénéfice d’exploitation après impôts, plus les amortissements, moins les investissements en actifs immobilisés et circulants.
Discounted cash flow
Le « discounted cash flow » indique la valeur actualisée du cash-flow disponible futur.
Vente aux enchères restreinte
Plusieurs candidats acheteurs identifiés au préalable participent en parallèle au processus de vente. Ils peuvent tous faire simultanément une offre de rachat.
Négociation bilatérale
Contrairement à la situation de mise en concurrence de la vente aux enchères, les pourparlers ne sont menés ici qu’avec une seule partie.
Valeur
La valeur d’un bien est déterminée lors d’une estimation tenant compte, par exemple de biens comparables, et reste abstraite.
Prix
Le prix est objectif et concret. Il ne se matérialise toutefois qu’en cas de vente effective.