Mais pour prendre cette décision, il est important de faire une introspection, de savoir évaluer correctement ses besoins et son propre caractère. Décider de percevoir une rente à vie de sa caisse de pension ou de se faire verser l’intégralité du capital épargné a une influence considérable sur la vie du retraité. La caisse de pension est la plus grande partie du patrimoine de prévoyance retraite pour beaucoup de personnes.
L’avenir et le développement personnel laissant peu de place à la planification, la meilleure solution n'est pas la même pour tous. Pour certaines personnes, la rente semble la solution privilégiée. C’est le cas lorsque le presque retraité dispose de peu d’avoirs de prévoyance en-dehors de sa caisse de pension, bénéficie d’une bonne santé, n’a aucune expérience de placements d’argent, est célibataire et n’utilise pas tous les actifs épargnés «mis de côté».
Grande sécurité de planification
Grande sécurité de planification
Dans un tel cas, le versement d’une rente s’impose comme « maintien de revenu ». L’assuré reçoit chaque mois une rente garantie jusqu’à sa mort. Le retraité dispose d’une plus grande sécurité de planification puisqu’il est possible de calculer assez précisément avec le montant du capital, le taux d’imposition et le taux de conversion, combien d’argent restera pour la vie courante. Le bénéficiaire n’a ainsi aucune initiative personnelle à entreprendre et ne s’occupe de rien. C’est aussi la caisse de pension qui assume le risque d’une longue durée d’octroi de rente. Le versement d’une rente est l’idée de base de l’AVS et de la prévoyance professionnelle, rappelle Jüng Walter, expert en prévoyance chez Libera. Il souligne un point supplémentaire de la rente: en cas de décès du retraité, une rente de conjoint est versée au partenaire survivant.
Mais un octroi de rente présente aussi un inconvénient. En cas d’achats importants ou de voyage, la flexibilité financière est limitée avec une rente fixe et régulière. En cas de décès, la rente non versée reste à la caisse de pension et les héritiers n’en voient pas la couleur. Enfin, en fonction de la caisse de pension, il n’existe aucune ou seulement une adaptation limitée à l’inflation. Pour cette estimation, il convient de déterminer si une indexation est prévue pour la rente. Sinon, une hausse des prix pourrait devenir une lourde charge.
Ce qui peut expliquer pourquoi certains prennent en main la gestion de leur patrimoine ou la laisse à un gestionnaire de fortune. Celui qui est convaincu qu’il peut réaliser de plus grands revenus avec une stratégie de placement personnelle qu’avec les intérêts de la caisse de pension et également amortir une éventuelle inflation élevée, doit retirer le capital.
Qui a le choix?
Qui a le choix?
Avant d’appliquer cette importante décision, il convient de déterminer dans quelle mesure il est vraiment possible de choisir. L’assuré doit se renseigner à temps auprès de sa caisse de pension pour savoir de quel délai il dispose pour un retrait en espèces et dans quel contexte celui-ci est possible. Cela peut être dans plusieurs années – quoiqu’il en soit, cette situation devrait être réglée avant 55 ans. Selon la loi, au moins un quart de l’avoir de prévoyance obligatoire doit être retiré en espèces. Dans certaines caisses de pension, il est possible de retirer 100% du capital de prévoyance. Un malheureux argument pour le retrait de capital peut aussi être qu’en raison de problèmes de santé, le bénéficiaire a lieu de penser qu’il mourra avant d’atteindre l’âge correspondant à l’espérance de vie moyenne. Par un retrait de capital, il peut s’offrir une vie plus confortable qu’avec une rente ou il peut léguer l’argent restant.
La gestion des fonds retirés est capitale. Si l’on laisse l’argent retiré sur un compte en souhaitant vivre des intérêts, une rente serait plus avisée. Une large diversification est aussi indiquée afin de ne pas risquer de perdre le capital de prévoyance. Dans ce cas, le retraité doit couvrir ses frais courants par les modestes paiements de l’AVS. Celui qui investit sur le marché des actions doit pouvoir dormir sereinement même quand la bourse subit une correction à deux chiffres.
«Il faut trouver le juste milieu», explique Jörg Odermatt, CEO de Pens-Expert. Entre temps, un retrait d’un tiers du capital (deux tiers sous forme de rente) est souvent effectué par les personnes avec un revenu moyen. En règle générale, il recommande un retrait partiel aux retraités bénéficiant d’un revenu de pension autour de 70 000 francs (AVS 42 000 et compte privé 30 000). «Lorsque l’intégralité du capital de la caisse de pension conjugué à l’AVS n’est pas nécessaire pour la rente, un retrait partiel de capital peut être judicieux», indique aussi Jürg Walter. Dans le contexte actuel de taux bas, il n’est pas facile de dépasser le rendement des placements de la caisse de pension.
Attention aux frais
Attention aux frais
M. Odermatt recommande aussi d’investir le capital retiré en valeurs réelles. Il désigne la pension comme un placement similaire à des obligations sans corrélation avec les marchés financiers. «Les rentes sont fixes, garanties et n’ont encore jamais été réduites pour les retraités», ajoute-t-il. Au vu des faibles rendements qui sont à attendre actuellement sur le marché financier, il y a lieu d’être particulièrement attentif aux frais. Calculé approximativement, le capital épargné s’étend à 30 ans au lieu de 25 si les frais diminuent d’1%.
Alors une stratégie de placement n’est plus seulement nécessaire, il convient aussi de planifier les liquidités. Dans les premières années, le revenu des rentes souvent ne suffit plus à couvrir les besoins du foyer. Les lacunes (si existantes) seront alors couvertes par le troisième pilier ou par consommation du capital de placement. Avec l’âge, les besoins moyens réduisent et la fonte du capital peut être surmontée. M. Odermatt recommande de prendre en compte une éventuelle hypothèque dans cette planification. Selon le CEO de Pens-Expert, cette hypothèque devrait être réduite à un niveau auquel les taux d’intérêt restent supportables même en cas de forte hausse de ces derniers. Cela pourrait être plus important que l’amortissement d’une seconde hypothèque. Dans le même temps, l’hypothèque ne devrait pas être trop réduite car elle ne pourrait plus être augmentée au moment de la retraite.
Un rachat ne change rien
Un rachat ne change rien
En cas de retraite partielle ou anticipée, la question de décider entre «rente ou capital» reste la même mais avec un capital de pension calculé moins important que pour une retraite normale. Qui en a la possibilité devrait augmenter son capital et ses taux composés par des rachats – même si aucune retraite anticipée n’est prévue. Un rachat normal est crédité à l’avoir de vieillesse surobligatoire qui présente partiellement de plus mauvais taux d’intérêt que la part obligatoire. Jürg Walter ajoute cependant que la plupart des caisses de pension autonomes sont établies en tant que caisses de pension enveloppantes, qui ne font aucune différence entre part obligatoire et surobligatoire. L’ensemble de l’avoir de vieillesse incluant les rachats rapporte des intérêts correspondant au même taux d’intérêt.
Un autre aspect à prendre considération est l’imposition: les rentes sont 100% imposables tout comme les revenus. Les versements du capital sont imposés selon un tarif propre, quant aux revenus du capital et au patrimoine, ils sont aussi soumis à l’impôt. La seule complexité de cette décision, rente ou capital, montre que le citoyen moyen a tout intérêt à se faire aider d’un expert dans la planification de sa retraite afin de ne pas risquer d’oublier un aspect primordial ou de mal évaluer cette dernière.
Avec l'aimable autorisation du Neue Zürcher Zeitung. Traduit par UBS Switzerland Marketing Translation Services.