Un nouveau monde

Tout d’abord, nous nous attendons à un ralentissement de la croissance de l’économie américaine en 2024, les -ménages étant confrontés à des difficultés croissantes. Pour l’Europe, nous prévoyons une croissance toujours -morose. Quant à la Chine, elle devrait entrer dans une «nouvelle normalité», avec une croissance plus faible, mais potentiellement de meilleure qualité, que par le passé. Tous ces éléments plaident en faveur d’une allocation à des actions de qualité, y compris dans le secteur technologique, autrement dit des actions d’entreprises -susceptibles de dégager une croissance des bénéfices même dans un contexte d’essoufflement de l’activité à l’échelle mondiale.

Ensuite, nous pensons que les banques -centrales vont commencer à réduire les taux en 2024. Selon nous, les marchés des obligations souveraines exagèrent le risque que les taux d’intérêt élevés deviennent la normalité. Nous tablons aussi sur une baisse des rendements obligataires en 2024. Un tel contexte invite à limiter l’exposition aux liquidités et à profiter des rendements -actuels qu’offrent les obligations de qualité.

Enfin, la politique devrait, selon nous, jouer un rôle très important en 2024. L’élection présidentielle américaine, le conflit entre -Israël et le Hamas et celui entre la Russie et l’Ukraine, et la rivalité entre les États-Unis et la Chine sont autant d’éléments qui pourraient affecter le marché mondial. Quant aux décisions politiques d’engager des dépenses budgétaires importantes et non financées, elles font peser une certaine incertitude sur les prévisions économiques sur lesquelles se basent les scénarios de placement, ces prévisions pouvant tout aussi bien évoluer à la hausse qu’à la baisse. Les investisseurs doivent envisager de se couvrir contre les risques de marché. À cet égard, il convient, selon nous, de privilégier les stratégies de préservation du capital, les hedge funds ma-cro, ainsi que le pétrole et l’or en 2024.

Dans la décennie à venir, l’impact de l’IA, la maturation de l’économie chinoise, la transition énergétique et l’endettement mondial, déjà élevé, devraient encore s’intensifier.

L’IA devrait donner lieu à une création de valeur conséquente dans plusieurs secteurs. Pour l’heure, les investisseurs se sont -surtout intéressés aux bénéficiaires les plus probables de l’IA, à savoir le segment du matériel informatique et les plateformes, mais l’IA devrait également avoir un impact important sur les applications.

La Chine devrait s’installer dans une -nouvelle normalité. Les contraintes associées aux -anciens modèles de croissance devraient se traduire par un ralentissement de la croissance par rapport à ses niveaux des deux dernières décennies. Les investissements en lien avec les efforts du pays pour se doter d’un secteur manufacturier à plus forte -valeur ajoutée, stimuler la transition verte et renforcer son auto-suffisance devraient être privilégiés.

Les inquiétudes relatives au changement -climatique et à la sécurité nationale tireront la transition mondiale vers la décarbonation. La transition complète vers une économie décarbonée n’ira pas sans difficultés. Il n’en demeure pas moins que les investissements massifs consacrés aux projets de -décarbonation sont synonymes de potentiel de croissance élevé pour les fournisseurs de solutions dans ce domaine.

Les investissements publics dans la technologie, l’environnement et l’énergie ainsi que dans la sécurité des personnes et le -vieillissement de la population devraient se traduire par une hausse de l’endettement. Cette hausse pourrait accentuer la volatilité des produits à revenu fixe, mais elle devrait aussi s’accompagner de davantage d’opportunités pour les investisseurs privés, dont les apports de financements vont devenir indispensables. Ces tendances mettent en exergue l’importance d’intégrer des actifs alternatifs au sein de portefeuilles diversifiés dès lors que les investisseurs sont capables de faire face aux risques spécifiques associés aux placements alternatifs.

Ils doivent, en premier lieu, se doter d’un plan. Dans ce nouveau monde, les données sont certes plus accessibles, mais pas forcément plus fiables. Avec les réseaux sociaux, la moindre information est, plus que jamais, montée en épingle. Le résultat? Les comportements sont de plus en plus influencés par des «récits» plus ou moins convaincants, l’information (ou la désinformation) peut affecter les marchés plus rapidement que jamais, et l’opinion publique peut se retourner du tout au tout en quelques jours. Il est essentiel de dresser un plan clair, permettant d’établir un lien entre les stratégies d’une part et les objectifs et valeurs de -l’investisseur d’autre part, afin de ne pas perdre de vue la perspective d’ensemble dans un monde toujours plus bruyant.

En deuxième lieu, les investisseurs doivent trouver le bon équilibre. Dans notre scénario de base, les portefeuilles équilibrés devraient bien se comporter en 2024. Notre analyse laisse également penser que la diversification au travers de plusieurs classes d’actifs constituera une couverture efficace contre les scénarios à risque. Dans une perspective de plus long terme, les investisseurs dont la stratégie de base consiste à maintenir un portefeuille multi-actifs diversifié (contenant à la fois des actifs traditionnels et durables) seront, selon nous, les mieux à même de se protéger et de faire fructifier leur patrimoine réel au fil du temps.

En dernier lieu, il convient de faire preuve d’autant de discipline que d’agilité. La -discipline est essentielle en matière d’investissement. Dès lors que l’on met en œuvre la bonne stratégie de base, l’adage selon -lequel «l’important n’est pas d’anticiper le marché, mais d’y rester le temps qu’il faut» s’est, jusque-là, toujours vérifié. Mais les marchés évoluent, tout comme les besoins des investisseurs. Les investisseurs doivent donc passer en revue régulièrement leurs plans pour ajuster leurs allocations stratégiques et tactiques ainsi que les idées de placement «satellites».

Face à un nouveau monde, une certaine appréhension peut s’installer. Il faut toutefois se souvenir que depuis 1900, le monde a connu deux guerres mondiales, neuf -pandémies, des centaines de guerres civiles ou régionales, plus de 2000 explosions nucléaires, des révolutions dans les pays les plus grands et les plus peuplés de la planète, au moins une douzaine d’hyperinflations, plus de 15 marchés baissiers, plus de 20 -récessions et près de 200 défaillances souveraines ou crises de la dette.

Pour ce qui est des placements, trois -enseignements peuvent être tirés de ces -périodes difficiles: l’intérêt d’une diversification mondiale, les vertus de la patience et, surtout, la résilience et l’ingéniosité de -l’espèce humaine.

Nous vous présentons nos meilleurs vœux pour l’année à venir.